PARIS : Miss Knife chante Olivier Py à l'Athénée... et on adore !

Plus de dix ans après son premier tour de chant, Olivier Py avait ressuscité Miss Knife, insolent personnage, silhouette fantomatique toute de strass et de dentelles vêtue, pour "fêter" son départ prématuré de l'Odéon-Théâtre de l'Europe. Il s'agissait alors de faire un barouf d'honneur, un pied de nez au Ministre de la Culture (F. Mitterrand) et au Président de la République (N. Sarkozy) qui avaient décidé de son éviction au profit de Luc Bondy. La soirée unique avait alors rassemblé un parterre de stars, le tout Paris étant venu saluer un acteur, un homme de théâtre, un directeur, un programmateur, etc. bref, autant de casquettes qu'Olivier Py avait portées avec assurance et succès.    

C'est ce personnage sans âge, sans époque, sans sexe et sans espoir qu'il campe au Théâtre de l'Athénée jusqu'à dimanche. Une vision tout droit sortie d'un cabaret berlinois, mi-ange bleu, mi-démon noir de dentelles, fardée et habillée de longs faux-cils. Miss Knife chante, s'entrecoupant de quelques réparties écrites le talent qu'on connaît au poète ou improvisées, elle chante mélodies et textes qui, douloureux ou burlesques, composent avec brio un numéro de music-hall splendide. De sa voix chaude et timbrée, elle balance : tout est mis sur le tapis dans une joyeuse atmosphère désenchantée. Vieillesse, regrets, vieux souvenirs, désillusion, anciennes amours contrariées, espoirs déchus, anciens amants d'un soir..., elle dépeint des tableaux qui font sourire par leur incisivité et touchent le public.


"C’est parce que je suis en phase avec moi-même depuis mon plus jeune âge que j’ai pu me travestir. Quand vous avez perdu beaucoup de plumes dans vos combats, il vous reste une solution : mettre ces plumes sur vos fesses ! Toute cette souffrance d’être un homme, j’ai voulu en faire quelque chose. Sans tomber dans la singerie de la castration, je voulais me débarrasser de cette créance du désir masculin qui crée du désir. Je me suis donc transformé en femme, en Miss Knife. C’est une créature de rêve dans tous les sens du terme. Je l’aime parce qu’elle représente tous les vécus de toutes les figures de femmes que j’ai rencontrées, admirées, ou imaginées. J’ai été élevé dans une boutique de mode, avec ma mère qui cousait et coupait des tissus ; elle appréciait beaucoup les bijoux. Miss Knife en a hérité : elle change de costumes, elle est couverte de bijoux. Il me semble aujourd’hui que les actrices ont du mal à assumer leur féminité. Elles sont plutôt garçons manqués, sans doute parce que l’écrasante majorité des metteurs en scène de théâtre est constituée d’hommes. Et qu’ils ne savent pas aller vers le désir féminin : ils formatent les filles comme les garçons. En tous cas, pour moi, c’était une évidence que d’inventer et d’incarner ce personnage de chanteuse de cabaret. J’avais cela au plus profond de moi-même. Je ne jouais pas Miss Knife, elle faisait partie de moi. Elle, c’était moi. Quand je me travestissais, je ne faisais pas cas de mon identité sexuelle. On n’est pas assigné à son identité sexuelle lorsque l’on fait le travesti."
Olivier Py, in Laure Adler Manifeste féministe (Autrement, 2011)


Miss Knife chante Olivier Py
Avec Olivier Py (textes et chant), Stéphane Leach (piano), Julien Jolly (batterie), Olivier Bernard (saxophones, clarinette et flûte), Sébastien Maire (contrebasse)
Jusqu'au 27 octobre 2012 // Tél. : 01 53 05 19 19 // De 7 € à 32 €

Tournée à Bruxelles (du 14 au 17 novembre), Marseille (27 novembre), Vienne (28 novembre), Sartrouville (4 décembre), Mulhouse (11 décembre), Orléans (14 décembre), Bordeaux (19 décembre), Toulon (21 décembre).

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